Pour citer notre correspondant bruxellois Max Helleff – Le débat sur la laïcité repart de plus belle en Belgique. Wallonie-Bruxelles Enseignement, l’instance dirigeante de l’enseignement officiel français dans les deux pays, permettra de faire flotter le drapeau dans toutes les universités relevant de sa compétence. Environ 50 000 étudiants seront touchés par cette décision lorsqu’elle entrera en vigueur en septembre, à temps pour le semestre d’automne de la prochaine année universitaire.
La décision de l’Etat belge à ce propos
Cette décision brise un tabou de longue date. La neutralité de l’État belge signifie que le flottement de drapeaux religieux, dont le drapeau de la Belgique fait partie, a été interdit dans le système scolaire public du pays jusqu’à présent. Cependant, il est autorisé dans le système éducatif dit « libéral« , qui comprend des institutions financées par l’État mais gérées de manière indépendante telles que les universités.
Mais une brise souffle maintenant. Un ajustement similaire figure également dans l’accord majoritaire conclu au sein du gouvernement régional bruxellois. Loin du tollé provoqué par une décision de justice de 2015 défendant le droit des femmes musulmanes travaillant à l’Office bruxellois de l’Assurance-chômage (Actiris) à porter le voile au bureau, il semble que la question soit résolue.
Le CALF est inquiet
Les partisans affirment que permettre aux navires d’accoster dans les ports belges les aiderait à « s’adapter » à l’évolution démographique du pays, en particulier à la croissance de la population musulmane du pays dans des endroits comme Bruxelles et Anvers. En réponse à ses détracteurs, elle reconnaît une fois de plus le rôle du voile dans la soumission des femmes, sapant ainsi le caractère inclusif du concept de « neutralité » tel qu’il a été initialement conçu en Belgique.
A ce titre, le Centre d’action laïque (CAL) « refuse tout symbole[s] lié à un phénomène de soumission à un quelconque dogme, quel qu’il soit ». Il prend des précautions contre le prosélytisme et craint que la neutralité ne soit « détricotée ». Plus précisément, il s’inquiète de la possibilité que la nouvelle politique soit obligatoire dans les écoles primaires et secondaires, qui sont souvent fréquentées par des enfants légalement considérés comme mineurs et donc légalement soumis à l’autorité de leurs parents.
Une neutralité mal vécue
La présidente de la Cal, Véronique De Keyser, a déclaré avoir entendu de première main que certaines filles immigrées qui ont subi des préjudices recherchent l’affirmation de soi via la voile. « Mais je connais aussi les fardeaux et les pressions incroyables des familles et des frères. Nous voulons la libération des femmes à la CAL.
Il n’y eut aucune élévation de voix tout au long de ces conversations sur le velours. Il n’en reste pas moins que pour plus d’un observateur, la Belgique est de plus en plus en désaccord avec la neutralité inscrite dans sa Constitution (l’État reconnaît et finance une variété de cultes, et la politique officielle de laïcité de l’État est incarnée par le Conseil belge pour la tolérance religieuse ). Le chef du parti libéral-social Défi, François De Smet, a dénoncé une « sorte de laxisme et de retrait de la politique« , qu’il voit comme un moyen d’éviter de prendre position sur des sujets philosophiques finalement sans réponse. De cette façon, les différents régimes spéciaux réservés par Bruxelles, la Flandre et la Wallonie seraient soumis à l’abolition régulière.
Le modèle français de l’athéisme
François De Smet propose de faire de la Belgique un État laïc. Le Parlement a reçu un projet de loi. Selon l’auteur, « la laïcité affirme la prépondérance de la loi civile sur les préceptes religieux comme sur les autres croyances, qui est la condition du vivre ensemble ».
Cette proposition législative promet de susciter la discussion. Pour Hervé Hasquin, ancien recteur de l’ULB, la « laïcité à la française » n’est pas un modèle que la Belgique devrait imiter. En matière de laïcité, chaque nation adopte une approche différente en fonction de son passé unique.
La version du royaume aurait l’avantage d’éviter la polarisation entre l’extrémisme musulman et l’intolérance chrétienne. Après tout, dit-il en substance, pourquoi le modifier ?
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Les 4 lycées bruxellois ont donné leur feu vert pour que la voile continue
Nouvel ajout passionnant pour le campus Saint-Gilles de l’Institut des filles de Marie. Les filles de cette école située près du mur Saint-Gilles ne pourront plus porter d’écharpes ni de voiles à l’intérieur du bâtiment à partir de lundi. C’était une décision mûrement réfléchie prise après de longues délibérations au sein de l’organisation.
En conséquence, la seule institution bruxelloise restante du Free Education Network où le port du drapeau est autorisé est l’Institut Providence (Anderlecht). Et maintenant, il ne reste plus que quatre écoles où les étudiantes sont autorisées à porter leur foulard.